1987 Chine-Tibet

Après 24h à Canton en mai 1986, je désirais découvrir plus en profondeur la Chine, qui s’ouvrait progressivement au tourisme. Mais le but de ce voyage principal de ce voyage était de découvrir le Tibet, accessible depuis peu.

Avant de commencer à travailler, et après avoir terminé ma période de coopération à Bangkok, me voilà parti pour ce qui restera sûrement le voyage le plus fantastique de ma vie : Bangkok-Kunming-Chendu-Lhassa-Népal-Dhaka-Malaisie.

D’un point de vue littéraire, 2 auteurs m’ont inspiré pour « bâtir » ce voyage : Lucien Bodard (qui a passé son enfance à Yunnan-fu, aujourd’hui Kunming) et bien sûr Alexandra David Neel, et son fameux journal d’une parisienne à Lhassa.

Malheureusement, une partie de mes photos m’ont été volées (la majorité de celles du Tibet). Celles qui restent sont des diapositives de mauvaise qualité, scannées, d’où la piètre qualité.

1. Kunming

En 1987, la Chine s’ouvrait lentement au tourisme : elle sortait du maoïsme, mais on est plus près de la période révolution culturelle que du capitalisme actuel : costume Mao, propagande omniprésente, presque rien traduit en anglais, maisons en bois. Ballade sur les Monts de l’Ouest, la forêt de pierre (Shiling). Je relie mes notes de 1987 :  « la campagne a l’air riche, mais les techniques agricoles sont très rudimentaires : c’est le moyen âge ! »

2 Chengdu
Je prends un train bondé pour Chengdu : 20 h assis, sans manger (1 100 km)
La ville me semble sympathique, très « typique ». Dans les environs, je visite la bourgade de Guanxian. Coup de cœur pour cette plongée dans la Chine d’autrefois, mi rurale mi citadine.

3 Lhassa
2 heures de vol jusqu’à Lhassa. A cette époque, nul besoin de guide et de groupe constitué pour visiter le Tibet. Juste un « alien’s travel permit », facile à obtenir.
Probablement le plus gros choc culturel de ma vie. Je cite mes notes de 1987 : « Jokhang : aboutissement de plusieurs mois de pèlerinage. Les pèlerins, vêtus de peaux de bête, tout juste sortis de la préhistoire, se prosternent, bras en croix, à même le sol. A proximité, d’autres récitent des mantras. Je n’ai jamais ressenti un tel choc. Cette ferveur est bouleversante. Je ne peux retenir mes larmes ».
Mais je n’ai jamais autant ressenti la misère : dans les restaurants, de jeunes affamés venaient prendre les restes directement dans nos assiettes, si bien qu’on commandait des bols de riz supplémentaire, qu’ils mangeaient avec avidité.
J’enchaine les visites : Potala, magnifique palais et son labyrinthe de salles peintes. Le Palais d’Eté : spectacle irréel : dans chaque salle, les pèlerins se prosternent, jettent de l’argent, du blé. Jokhang et son ambiance émouvante (statues en beurre de yack, peintures et bien sûr la foule de pèlerins), Sera monastery , Deprung monastery (« ressemble à une ville morte : chiens errants, quelques très jeunes ou très vieux moines »).
Je reste 8 jours à Lhassa. Je n’y reviendrai jamais, préférant conserver dans ma mémoire (à défaut de belles photos) ce Tibet qui déjà commençait à être sinisé, mais qui restait globalement tibétain, ce qui ne semble plus être le cas aujourd’hui. L’ambiance était parfois « lourde » en raison de la forte présence militaire, mais on pouvait se déplacer librement. Quelques mois après mon passage, une série d’émeutes de moines secoue le Tibet : c’est fini du tourisme des occidentaux en toute liberté.

4 Road trip Lhassa Katmandu
A Lhassa, nous nous regroupons à plusieurs routards pour affréter un minibus (ce qui permet de s’arrêter là où on veut de – à l’époque- de ne pas avoir à dormir dans des casernes, ce qui aurait été le cas avec les bus locaux). Et c’est parti pour 1200 km de piste. Avec la route Leh-Manali, que j’ai effectué en 2017, le road trip le plus fabuleux de ma vie.
Après un col à 4900, puis un deuxième à 5200m, on arrive à Gyantsé. Visite du monastère. Nuit à proximité.

2ème jour : 3h de route jusqu’à Xigazê (Shigaste) le long d’une belle vallée. Visite du beau temple, du marché.

3ème jour : 4 h de route jusqu’à Sakya. Village « coquet », très beau monastère mais accueil détestable des moines (« plus on s’éloigne de Lhassa, plus l’accueil est mauvais »). Il n’y a plus rien à manger, sauf des rations (détournées) de l’armée chinoise.

4ème jour 16 heures d’une extraordinaire route jusqu’à Katmandu. On passe un col à 5220 m, puis vues sur l’Everest, et descente vers la frontière. Le minibus s’arrête à 7 km, on finit à pied (avec un porteur !) sur des sentiers escarpés, bordées de maisons en partie en ruine en raison des chutes de pierre. Après le passage du Friendship bridge, taxi jusqu’à Katmandu. On a « perdu » presque 4 000m en quelques heures.

Voir la suite du Road trip (Népal)

4 commentaires sur “1987 Chine-Tibet”

  1. Bonjour,

    J’ai parcouru à peu près la même route que toi, à la même époque, mais en sens inverse: Katmandu – Lhassa.
    Un taxi, genre les Dieux sont tombés sur la tête, nous a amenés à la frontière à une heure indue. Je me souviens d’avoir monté un sentier boueux et dangereux (chute de pierre) pour me retrouver au bord de la route tibétaine. Là, on a attendu vainement un bus et on a fini par monter dans un camion chinois. Le trajet fut très très dur et on a peu profité du paysage… M’enfin, cela reste une fameuse aventure.
    Je voulais savoir: y avait-il des gardes sur le pont, la frontière se passait-elle si facilement alors? Tu ne parles pas non plus de la ville côté tibétain. Qu’en était-il? Était-elle proche du pont? Je me demande pourquoi nous n’y sommes pas allés pour se renseigner sur les bus et y loger pour l’attendre.
    MERCI
    Je ne me souviens pas d’avoir franchi

    1. J’ai fait aussi ce voyage Lhassa Katmandou en mars 1987. Nous aussi (on était 4) on a loué un minibus à une quinzaine (surtout des anglo saxons). Il était difficile de trouver un transport pour le Népal car il y avait une grande fête à Lhassa. Peut-être étions nous dans le même minibus ? Je mettrais bientôt mes photos en ligne.
      Comme toi j’ai conservé mon alien permit travel.
      Je n’y suis jamais retourné mais le Bhoutan en 2019 fût un superbe voyage.
      Philippe

      1. Bonjour Je ne crois pas qu’il y avait d’autres français dans le minibus. Je rêve d’aller au Bhoutan, mais c’est vraiment cher. Dès que tes photos sont en ligne, envoie moi un mail. J’aime bien lire les récits de voyage Mon mail est: olivier.lafarge@laposte.net

  2. Bonjour, J’étais à Lhassa en avril 1987, donc peut-être en même temps que toi. J’y suis resté un mois. Je m’étais installé au à l’hôtel Banak Shoel je crois. J’étais venu en bus par la route de Golmud dans la province du Qinghai. Comme toi je n y retournerai jamais, je veux garder mes souvenirs intacts. J’ai regardé tes photos avec beaucoup d’émotion, tant de souvenirs… Ce fut aussi le voyage de ma vie. Apres le Tibet je suis reparti en suivant la route de la soie, en passant par le Pakistan. Quelle aventure !

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